Réhabilitations de maisons ouvrières au Pile
2020, Roubaix [Nord]
Réhabilitations de maisons ouvrières au Pile
2017 / 2019 Quartier du Pile, Roubaix [Nord]
Mission complète 70 m2 SHAB /maison 0,110 € HT Base/maison à 0.070 € HT / volume capable (valeur 2018) Exigences environnementales : RT rénovation
La Fabrique des Quartiers, Lille
Atelier Pierre Bernard, architecte mandataire C.Leblanc-A.Vénacque, paysagiste architecte SAS Becquart, économiste et bureau d’étude fluides Strate, bureau d’étude VRD Soning, AMO énergie |
Approche sur la réhabilitation :
LA LUMIERE Le manque de lumière dans les logements est ce que les habitants citent régulièrement lors des enquêtes ou du café citoyen sur la santé. La lumière est la condition de l’habitabilité. Lutter contre le confinement, agrandir l’ESPACE sont associés à la reconquête de la lumière.
LA SOBRIETE ENERGETIQUE La précarité énergétique est l’un des marqueurs essentiels de la pauvreté. Elle est avant tout une spirale dans laquelle on s’enfonce : les points de rupture sont autant liés à l’impossibilité du confort qu’a l’insolvabilité financière. Renverser cette logique appelle une réponse autant sociale que technique. La performance énergétique du bâti est fonction du bon usage que l’habitant peut faire de la technique installée. Double travail donc de garantir la meilleure enveloppe et d’installer un moyen de chauffage durable et économe parce qu’adapté au mode de vie. |
LE JARDIN
Loin d’être un luxe, c’est un besoin vital commandé autant par l’exiguïté du logement que de la rue. Trouver un espace extérieur privé même très modeste où un enfant puisse jouer est essentiel pour faire baisser la pression sur l’espace habité ou celui de la rue. L’effet d’enfermement dans un univers minéral s’adoucit aussi dès qu’il y a la présence d’un arbuste ou d’une fleur que l’on fait pousser. Une nouvelle organisation du logement est nécessaire pour rendre cela possible.
RECONNAÎTRE LA SÉRIE Dès que l’on sort du logement et qu’on le regarde à l’échelle de la rue puis du quartier, la répétitivité de la trame apparaît immédiatement. Ces logements ont été produits en série entre la première et la deuxième révolution industrielle, avec des moyens et des formes identiques. Reconnaître la série, c’est avant tout une conversion du regard pour faire d’une difficulté une opportunité pour mettre en réseau les intelligences, les expériences, et l’énergie physique et sociale.
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C’est aussi un pari : celui de projeter l’habitat ouvrier au Pile vers une nouvelle modernité, celle de la troisième révolution industrielle.
RÉHABILITER UN TYPE Dans la série, le logement est un multiple. Les enjeux repérés à l’échelle du logement (la lumière, l’espace, la sobriété énergétique, le jardin) ne relèvent pas d’une juxtaposition de cas individuels mais deviennent des enjeux urbains. Réhabiliter un logement c’est réhabiliter un type qui fait la ville et qui impacte de la même manière la vie de milliers de personnes. Sur les seuls ilots lanières, il y a environ 280 unités du même type, et dans le périmètre PMRQAD, 76% des immeubles sont issus du type ou de son multiple.
POSER LA BONNE QUESTION Partant des caractéristiques du logement, et d’abord du constat qu’il est la priorité des habitants, que son habitabilité au Pile n’est pas satisfaisante, nous avons mis en avant que la série est une opportunité et que la massification de la réponse une nécessité. |
Mais les habitants du Pile ont des aspirations de notre temps. Si la série est intéressante pour massifier la réponse, elle ne peut pas être utilisée comme au début du xx° siècle quand elle a produit un logement minimum, standard, déjà « avare d’air, prodigue de la santé des humbles » *
Notre question est donc : comment utiliser la série sans standardiser, comment massifier en ménageant une liberté de choix du mode de vie? Verbatim/ « Les maisons sont sérielles mais pas nous » Atelier logement_2013 * Citation de Maxence Von
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La requalification du quartier du Pile passe par une action simultanée sur plusieurs domaines interdépendants dont celui de la réhabilitation des logements. Les enquêtes sociologiques et le travail de terrain avec les habitants montrent que le logement est le miroir à l’échelle «domestique» de l’action à mener sur l’espace public. Le manque de nature et de lumière sont notamment des sujets invariants à ces espaces de vie exigus et pourtant « capables ».
Dans le cas du logement au Pile, la puissance publique s’est donné des moyens sophistiqués pour ne pas écarter les habitants de la rénovation de leur quartier. Une réflexion critique et prospective a été proposée au Maître d’ouvrage, requalifiant les objectifs spatiaux, techniques sociaux et économiques de l’opération (« Réhabilitation de la maison ouvrière au Pile »). La présentation qui suit reprend les grandes lignes de cette proposition. Elles n’ont pas toutes été appliquées.
Une première expérience de réhabilitations de 15 maisons reparties entre 3 maîtrises d’œuvre différentes, dont 4 maisons pour l’atelier d’architecture Pierre Bernard, devrait servir de base à une possible massification de la méthode de réhabilitation proposée par l’équipe Pile Fertile.